Faut-il dire « Deshoulières » ou « Madame Deshoulières », comme le porte le titre de l’édition au programme ? Marie-Jeanne Lhéritier, qui a consacré à notre poétesse un panégyrique intitulé Triomphe de Madame Des-Houlières (1694), la nomme presque systématiquement « Des-Houlières » dans le cours de son texte. Dans un éloge aussi stratégique que le Triomphe, destiné à répondre à Boileau et à faire entrer à titre posthume la poétesse dans une Académie féminine imaginaire, pour la simple raison que les portes de l’Académie française étaient fermées aux femmes, le choix de l’écrivaine est hautement significatif : priver Antoinette Deshoulières de sa civilité revient à la traiter comme on eût fait d’un écrivain masculin, et à revendiquer pour elle les mêmes prérogatives que celles dont jouissent les hommes.
Faisons comme Lhéritier : évitons la condescendance, et conservons à la poétesse sa dignité de grande autrice en l’appelant « Deshoulières », ou « Antoinette Deshoulières ».
